LE BULGARE NICKOLAY MLADENOV
NOUVEL ÉMISSAIRE DE L’ONU POUR LA LIBYE
Après le feu vert du Conseil de sécurité mardi 15 décembre 2020, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres va nommer le Bulgare Nickolay Mladenov émissaire pour la Libye, selon l’AFP. Pressentie depuis septembre 2020, sa nomination intervient dix mois après la démission du Libanais Ghassan Salamé. Cette nomination intervient après deux rejets de candidatures africaines par les Etats-Unis.
Nickolay Mladenov, 48 ans, était émissaire spécial pour le processus de paix pour le Proche-Orient depuis 2015. Il a travaillé notamment sur le conflit israélo-palestinien et a conduit avec l’Egypte des discussions pour éviter l’escalade de la violence dans la région. Tor Wennesland, un diplomate norvégien de 68 ans, le remplace à ce poste.
Cet ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense en Bulgarie a rejoint la diplomatie onusienne en 2013 comme représentant spécial des Nations unies en Irak.
Sa nomination intervient après deux rejets de candidatures africaines par les Etats-Unis. Lesquels ont imposé à leurs partenaires une nouvelle structure hiérarchique onusienne en Libye, avec un émissaire secondé par un coordinateur de la petite mission déployée à Tripoli, précise l’AFP. Ce poste de coordinateur devrait échoir à un Africain, l’Afrique ayant réclamé en vain l’attribution de la fonction d’émissaire à un ou une ressortissante du continent.
Avant l’été, les Etats-Unis avaient bloqué les candidatures de Ramtane Lamamra, ex-ministre algérien des Affaires étrangères, et de Hanna Serwaa Tetteh, une ancienne ministre ghanéenne.
La nomination de Nickolay Mladenov intervient dix mois après la démission du Libanais Ghassan Salamé le 2 mars 2020. Ce dernier avait quitté ses fonctions officiellement pour raisons de santé mais aussi “fatigué par le jeu d’influence qui se joue sans fin dans les sables libyens”. “Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au Secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions”, avait écrit le diplomate libanais sur son compte Twitter.
Il avait été nommé le 22 juin 2017 par Antonio Guterres comme son représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL). Il avait dès lors tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections pour mettre fin aux divisions dans le pays. “J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère” dans ce pays, avait déclaré Ghassan Salamé en annonçant son départ.
L’Américaine Stéphanie Williams avait depuis assuré l’intérim au sein de l’Organisation.
Avec la nomination de Nickolay Mladenov, la diplomatie va reprendre son cours dans un pays ravagé par des années de violences après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Et déchiré depuis 2015 entre deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir, le Gouvernement d’union nationale, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et celui incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est, soutenu par une partie du Parlement libyen.
En octobre 2020 à Genève, sous l’égide des Nations unies, les belligérants étaient parvenus à un accord de cessez-le-feu. Et pour reconstruire le pays, 75 délégués réunis à Tunis avaient défini en novembre une feuille de route devant conduire à des élections dans les 18 mois. A Nikolay Mladenov aujourd’hui de conduire les Libyens sur le chemin d’une difficile réconciliation.